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Les Armes à Poudre Noire
De la pertinence des armes à poudre noire en situation dégradée.
Le domaine des armes à feu est vaste et complexe. L’approche technique et scientifique, c’est à dire l’examen des différents systèmes, calibres, utilisations, etc., est souvent polluée de considérations personnelles, doctrinales ou fantasmatiques qui ne font que complexifier le sujet et brouiller les pistes.
Comme beaucoup de tireurs sportifs, l’achat d’une arme à poudre noire fut pour moi l’occasion de posséder ma propre arme en attendant la première autorisation de détention. Il y a une vingtaine d’années, la législation nous autorisait soit la PN, soit le pistolet .22LR à un coup. Mon choix s’était porté sur un Remington 1858 New Model Army en calibre 36, chromé, et fabriqué par Pietta. J’ai tiré plus d’un an à la poudre noire, ce qui était tout à fait suffisant pour évaluer la pertinence de cette famille d’arme.
La qualification d’armes à poudre noire peut prêter à confusion. En effet, si ces revolvers fonctionnent effectivement avec « cette matière propulsive », ce qui les distingue essentiellement des armes dites modernes est qu’ils fonctionnent sans cartouches métalliques. Un revolver à PN nécessite donc, pour être opérationnel, un nombre important d’opérations. Il ne suffit pas d’introduire 6 cartouches dans un barillet.
Bien que cela puisse sembler fastidieux, je crois indispensable, pour bien comprendre de quoi nous parlons, de décrire entièrement la phase de chargement d’une telle arme. Et si cela vous semble un peu long, dites vous bien qu’il est beaucoup plus rapide de lire la procédure que de l’effectuer.
4- Une fois toutes les chambres garnies, on « beurre » la face avant du barillet à l’aide de graisse épaisse. Nous reviendrons sur l’utilité de cette étape.
Tout est en place, l’arme est prête à fonctionner.
Vous l’avez compris, pour être à disposition, le revolver à poudre noire doit être stocké chargé. Penser pouvoir le charger en cas de besoin immédiat est complètement irréaliste. L’inconvénient est que pour le décharger vous devrez obligatoirement faire feu. Cette contrainte n’est pas sans poser quelques problèmes, notamment si on souhaite transporter son arme en toute sécurité ou si l’on doit procéder à une évacuation maîtrisée et peut être dans des conditions difficiles (en cas d’inondation ou d'incendie par exemple). Je n’imagine même pas que l’on puisse abandonner une arme prête à faire feu à son domicile.
Des accessoires comme ces "gardes amorces", peuvent être employés pour mieux sécuriser les amorces et les imperméabiliser.
En effet, si vous envisagez de stocker l’arme chargée par exemple, il sera préférable de laisser une chambre vide, chambre que vous positionnerez en face du chien car, même à l’abattu, le chien sera tout à fait en mesure de faire partir le coup si vous le choquez suffisamment fort, ce qui peut arriver en cas de chute par exemple. Et puisque nous disons quelques mots de sécurité, je reviens sur la nécessité de « beurrer » l’avant du barillet lorsque les balles sont en place.
Quelques mots maintenant sur la puissance de feu. En ce qui concerne le calibre, les armes à PN offrent en général le choix du .36 (9 mm environ) ou du .44 (11 mm environ) sur des balles en plomb sphériques. Le pouvoir d’arrêt de ces balles est très bon, car les balles sont lourdes et d’un diamètre important. Par contre leur pouvoir de pénétration, ainsi que leur portée, est relativement faible.
Pour ce qui est du port, la discrétion est à oublier. Lourds et longs, ils ne tiendront pas dans la poche. On peut les glisser dans la ceinture, mais pour les raisons évoquées plus haut, j’éviterais, personnellement. Reste le sac ou, pour ceux qui osent le total look, le buscadéro, certes confortable mais pas le plus discret.
L’argument choc des partisans des armes à PN est la possibilité de les acquérir sans adhérer à un club de tir, c'est a dire sans licence: il suffit d’être majeur.
C’est vrai. Mais quel est l’intérêt de posséder un outil que l’on ne pourra que trop rarement utiliser ? Car soyons réaliste, en dehors d’un stand de tir, vous ne tirerez presque jamais avec votre revolver. Il est révolu le temps où l’on s’arrêtait dans la première forêt venue pour tester le petit dernier. Aujourd’hui quelqu’un va très vite vous tomber dessus, au mieux un gendarme, au pire un chasseur, en pensant que vous êtes en train de braconner.
Un autre argument avancé est la perspective de pouvoir conserver son arme en cas de troubles massifs et d’éviter la confiscation par les autorités compétentes. Là encore, la chose peut se discuter. Premièrement, si vous décidez d’acheter neuf, votre arme sera enregistrée par l’armurier qui vous la vendra. Vous ne serez donc pas totalement invisible.
Concernant les armes de catégorie B, honnêtement, je ne vois pas très bien comment une maréchaussée débordée par une situation de crise a l'échelle nationale pourrait procéder à la collecte de toutes les armes enregistrées. Mieux, au regard des gendarmeries dévalisées dans le passé (Corse, Nouvelle-Calédonie…) je ne suis même pas sur que les autorités procéderaient à de tels regroupements. Bref, il est peu probable que l’on confisque un jour les armes des tireurs sportifs, et, à mon avis, impossible que l’on confisque celles des chasseurs. Et si ça devait arriver, il serait toujours temps d’aviser.
Lorsque j’ai décidé de pratiquer le tir sportif, le délai avant de pouvoir acquérir une arme de 1ère ou de 4ème catégorie était très long, souvent supérieur à un an. L’achat d’une arme à PN se justifiait et, de plus, il était assez facile, le jour venu, de la revendre à un autre débutant, ce que j’ai fait à l’époque.
Contrairement à l’idée répandue, les choses sont bien plus rapides aujourd’hui. Quelqu’un qui s’inscrirait avant Noël, pourrait obtenir une détention avant l’été. Et même sans parler de catégorie B (ou de Glock, bien que vous y viendrez tôt ou tard…), uniquement avec sa licence de tir, il pourrait immédiatement faire l’acquisition d’une carabine en .22LR, d'un fusil de chasse ou d’un fusil à pompe à canon rayé.
Ces armes sont juste inadaptées aux missions qu’on voudra leur faire remplir. Pour faire une comparaison, même si ma femme adore les chevaux, je ne suis pas sur qu’elle me demande d’atteler la carriole pour aller accoucher à la clinique, à 3 h du matin. Surtout si la clinique est à 20 km.
Ensuite, il faut insister pour dire que la situation dramatique n’est pas esthétique, elle n’est pas romantique, elle est rarement prévue, elle tombe même souvent au pire moment. C’est le chien errant qui attaque vos animaux, le camé qui séquestre et bat votre famille pour obtenir un numéro de carte bleu, le déséquilibré, en pleine misère sexuelle, qui viole votre fille (« parce que ce jour là j’avais faim et que j’étais énervé », si, si , véridique, entendu au tribunal).
L’Abbé.
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